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Jangorama
15 septembre 2007

Mon anthologie de la science-fiction au cinéma, suite et fin

Première partie et introduction
children_of_men_poster Children of Men (2006)
L'acuité de la vision de notre futur proche dans ce film fait peur. En introduisant un élément de crise (les femmes perdent subitement toute fécondité. Pollution? Punition divine? Evolution?), Alfonso Cuaron, s'inspirant très librement d'un roman de P.D. James, peut grossir le trait et livrer une autopsie sans concession de la laideur de notre monde actuel (violence, extorsion, racisme...). On touche là à une des missions de base de la s-f, la plus négligée dernièrement. Mais s'il n'y avait que ça! La réalisation du film, tout en plan séquence, caméra à l'épaule souvent, avec une intégration parfaite et intelligente des effets spéciaux, est tout simplement bluffante, tout comme la photographie d'Emmanuel Lubezki et le choix d'une bande-son très seventies, aussi inattendu que pertinent. Children of Men c'est de la s-f à domicile, à dimension humaine, avec une petite touche de conte initiatique. Un régal qui a dérouté en salle, mais se refait une santé en DVD grâce au bouche à oreille.
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metropolis3t Metropolis (1927)
Avec ce classique des classique on fait presque de l'archéologie de la s-f. Metropolis fut à ma connaissance le premier film à aborder avec crédibilité les questions de l'intelligence artificielle (le robot maléfique a l'apparence de la femme aimée) et du rapport de l'homme (ici les ouvriers confinés dans les sous-sol de la mégapole) à la machine, avec un petit supplément de lutte des classes qui devait plus plaire au réalisateur Fritz Lang qu'à Théa Van Harbou, sa femme et scénariste qui collabora avec les nazis alors que Fritz choisit l'exil. Surtout, combinant les qualités esthétiques de l'expressionnisme et du futurisme, Metropolis n'a pas perdu de sa force émotionnelle. Par dessus tout, deux éléments ont fait date: le design du robot (qui a entre autres inspiré C-3PO dans Star Wars) et surtout de la ville elle-même, devenue le canon de la mégapole futuriste (de Blade Runner à la nouvelle trilogie Star Wars en passant par Le Cinquième Elément et nombres de livres et BD).
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prestige The Prestige (2006)
L'avant-dernier film de Christopher Nolan (Memento, Batman Begins) appartient au genre peu répandu de la retro-science-fiction, c'est-à-dire qu'il imagine des découvertes scientifiques révolutionnaires dans notre passé. La bonne idée du film (et tout d'abord du livre de Christopher Priest) étant de faire coller ces faits à l'histoire, puisque le savant fou n'est autre que Nicola Tesla - précurseur dans le domaine du courant alternatif, des ondes radio et des radars entre autres - et que son invention n'est pas divulguée au grand public dans le film. C'est à David Bowie qu'il revient d'incarner, avec un ravissant accent serbe, un personnage historique entouré de controverses, que le film ne rend que plus mystérieux. Ici, le progrès scientifique donne naissance à d'importantes questions éthiques et de philosophiques (j'essaie de ne pas en dévoiler trop pour ceux qui ne l'ont pas vu!). Cependant, les grandes forces de ce chef-d'oeuvre (osons le mot!) se trouvent plutôt dans son scénario retors à souhait, sa mise en scène et sa photographie fascinantes et son interprétation quatre étoile (en plus de Bowie, Hugh Jackman, Christian Bale, Michael Caine, Scarlett Johansson). Captivant de bout en bout et meilleur à chaque vision (tous les indices sont dans la première bobine) le film est aussi une réflexion sur le cinéma et l'écriture, puisqu'en déconstruisant les tours de magie, le cinéaste expose en fait la structure même de son film.
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192929_Ghost_in_the_Shell_Posters fino2 Ghost in the Shell (1995) et Innocence (2004)
Le sommet en ce qui concerne la question de l'intelligence artificielle, posée très froidement à travers un personnage de flic hyper-sexy et hyper-violente, un cocktail qui attire l'oeil! Le tout est servi sous la forme d'un polar technologico-mystique, soutenu par la célèbre musique de Kenji Kawai. Rajoutez des dessins splendides et quelques gunfights bien sentis et vous obtenez la recette de l'excellence. Même s'il est vrai que les scénars peuvent s'avérer très obscurs, ils raviront ceux qui aiment se faire un peu mal à la tête (je lève la main!). Mention spéciale au mariage de la 2D et de la 3D dans Innocence (alias Ghost in the Shell 2, donc), le plus réussi à ce jour en animation, pour ne pas dire le seul. Si j'ai été un peu déçu par le passage de Mamoru Oshii au cinéma "live" avec Avalon, tous ses autres films d'animations sont chaudement recommandables. Pour une fois ce n'est pas un roman mais une bande-dessinée qui est adaptée ici. Masamune Shirow, l'auteur, a aussi signé un grand moment de s-f en manga, Apple Seed (là aussi, mal de tête et combats dantesques) hélas assez platement adapté au cinéma en 2006.
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THX_1138 THX 1138 (1972)
Pour les déçus de Star Wars, il existe un George Lucas cinéaste avec un grand "c", auteur et réalisateur d'une anti-utopie brillante, bien qu'elle soit son premier long-métrage. Il s'agit d'une variation sur les sociétés totalitaires, avec une touche de magicien d'Oz parce que bon c'est George! La critique de l'industrie, de la télévision, de la médecine et de la religion est acerbe. A vous de juger de ce que Lucas a fait de sa révolte depuis 30 ans... Malgré sa robe toute blanche, ce film est noir de noir et se conclut sur un plan d'anthologie, soudaine avalanche de couleurs qui laisse notre héros plus désemparé que jamais, maintenant qu'il est libre. Notre héros, c'est donc THX 1138, ouvrier condamné à construire les robots policiers qui régentent sa ville sous-terraine et anonyme. Comme à tous les habitants, dieu, auquel on peut régulièrement allez se confier au confessionnal électronique, lui a assigné une compagne, SEN, mais ils vont commettre l'erreur de tomber réellement amoureux. THX (Robert Duvall) est envoyé en prison tandis qu'un pervers (Donald Pleasence) s'empare de SEN. Cette prison, n'est qu'un infini blanc, au coeur duquel les "criminels" sont laissés à eux-mêmes. Mais THX, qui ne suit plus son traitement médicamenteux, trouve en lui l'énergie de se révolter et de tenter une évasion... Récemment relifté (quelques images de synthèse par-ci par-là dans ce qui reste essentiellement un film violemment fauché et ingénieux), mais avec tact (qui l'eut cru!) pour sa sortie en DVD, ce film longtemps oublié peut devenir un classique si suffisamment d'amateurs s'y intéressent. A ne pas manquer en ce qui me concerne, ne serait-ce que pour l'admirable conception sonore (et le montage) de Walter Murch, également co-scénariste.
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filmmanwhofell The Man Who Fell to Earth (1976)
Dans ce film du très "undeground" Nicolas Roeg, un extra-terrestre tout ce qu'il y a de plus humanoïde est envoyé sur notre planète pour lui voler son eau, qui manque cruellement sur sa planète natale. Mais, seul et incompris, il se retrouve avalé par la société de consommation. S'il tente dans un premier temps de s'échapper, il devient bien vite totalement absorbé par la télévision, l'alcool, les armes à feux, le sexe, bref, par ce que nous avons produit de mieux... A tel point qu'on finit par se demander avec lui s'il est vraiment venu d'ailleurs. En tous cas, prisonnier, comme chacun d'entre nous donc, de ce monde à la fois repoussant et fascinant, Thomas Jerome Newton (son nom d'humain) devient une épave, l'ombre de lui-même, un homme brisé comme les autres. Ce E.T. adulte et pessimiste sous cocaïne souffre certes de certaines longueurs et d'effets spéciaux "approximatifs", mais l'ambiance y est à couper au couteau et quelques scènes et décors sont d'une stupéfiante beauté plastique (Roeg tient plus de l'artiste contemporain versatile que du pur cinéaste). Surtout, l'interprétation de David Bowie, alors au sommet de sa schizophrénie, dans un rôle qui fait plus que lui coller à la peau, est culte et fait de Jerome Thomas Newton un personnage dont les psychoses vous hanteront longtemps.
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Ouf, fini! Si j'avais su dans quoi je me lançais...!
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