Des Chiffres et des lettres

2 juillet 2007

Des Chiffres et des lettres

"Immigrant Song" from Shrek 3 - Led Zeppelin

Les hasards des calendriers des majors américaines (à moins que...) ont fait que cette saison des blockbusters s'est ouverte sur moult troisièmes volets de franchise à succès. Une véritable guerre (de 3...) des studios! Bien entendu, comme dirait Denis Brogniart, il n'en restera qu'un!

Shrek the Third

Cette franchise devient un cas d'école, c'est l'illustration parfaite de la suite de suite commerciale et sans inventivité. Soit un super concept (parodier les contes de fées, attaquer Walt Disney par la dérision) usé jusqu'à la corde et qui finit par se mordre la queue (on aurait bien envie que quelqu'un s'attaque à la mécanique trop ronronnante de Dreamworks Animation). Dixit David Geffen, le boss: "La couleur verte de Shrek ne me fait plus penser qu'aux dollars que nous rapportent les films", d'où la non-idée de promouvoir un dessinateur et dialoguiste occasionnel, Chris Miller, au rang de réalisateur. La série n'a plus d'âme. Restent bien sûr une animation au poil, l'hilarante attaque des princesses et quelques bonnes blagues, la meilleure restant la traduction française du titre: Shrek le Troisième, ils ont encore tout compris...

Ocean's Thirteen

"On prend les mêmes et on recommence"! Tel pourrait sembler être le mot d'ordre de Steven Soderbergh. Ce serait oublier qu'entre Ocean's Eleven et Thirteen, il a signé un Twelve qui, dont le fait de reprendre les mêmes était presque le seul point commun avec son aîné. Le métrage, filmé caméra à l'épaule, avec une intrigue touffue (ok, compliquée) et morcelée, avait déçu les fans. Pourtant, pris à part il était plus qu'appréciable. Ici on annonce la couleur, retour aux fondamentaux, et à Las Vegas. Mais l'aspect déstructuré du 12 est récupéré avec avantage dans la première partie du film, la seconde frisant le remake du 11. Tout ça est fait avec talent et consciencieusement, mais, là aussi, la formule commence à s'essouffler, et l'arrivée du grand Al Pacino n'y change pas grand chose. Si j'apprécie le temps plus important accordé au seconds rôles, certains rebondissements sont vraiment tirés par les cheveux, voire illogiques. Bon, allez, c'était quand même bien!

Spiderman 3

En voilà un à qui le temps ne rend pas service. J'étais très enthousiaste à la sortie. Avec le recul, les réserves que je pouvais avoir alors n'ont fait que s'accentuer. Irrité par Kirsten Dunst, par des intrigues secondaires passées au hachoir (que devient la fille de Sandman, d'où vient le symbiote?), par un affrontement final très artificiel (les méchants mettent tout en scène eux-mêmes pour éviter à Sam Raimi d'avoir à justifier les cascades qu'il a envie de montrer) et par la manie du réal de dévoiler le visage de ses héros derrière leur masque. Merde à la fin, c'est un film de super héros ou plus du tout?! Ceci dit ça reste bien pêchu, assez drôle par moment, et le film opère une bonne synthèse (que j'espère conclusive en tous cas dans cette dynamique) de la saga.

Pirates of the Caribbean at World's End

Ici la formule ne s'essouffle pas (encore), car on joue la surenchère, tant dans les effets spéciaux qu'au niveau de l'intrigue. Autre avantage, les deuxième et troisième volets ne forment qu'une histoire (formule initiée par Retour vers le Futur). Il y a tout de même un perdant dans l'histoire: le premier film! Pour l'avoir revu récemment, il fait un peu minable face à ses suivants aujourd'hui.

Et c'est donc Pirates 3 qui remporte ce combat à mort!

Mais c'est pas tout! Un autre "3" va bientôt envahir nos écrans et là ça fait peur!

Bon alors d'accord: le teaser est drôle! Mais il y a une raison! C'est Alain Mission Cléopâtre Chabat qui l'a réalisé! Au contraire du film signé Thomas Langmann (jusqu'ici producteur) et Frédéric Forestier, qui aligne quand même Le Boulet à son plamarès. Rajoutez Clovis Cornillac et Alain Delon et là on y croit plus! Mais soit, comme je suis docile à me faire plumer, nous jugerons sur pièce.

Mais il y a pire!

Au fond d'une villa sur les collines de Los Angeles, un producteur repu s'est dit que ce serait une bonne idée de refaire un Die Hard 12 ans après le dernier. C'est vrai que maintenant que Schwarzie est gouverneur, il s'agirait d'exploiter Bruce Willis jusqu'à la lie avant qu'il nous claque entre les doigts. Et donc le projet échoie, non pas à John McTiernan (Die Hard 1 et 3), devenu persona non grata à Hollywood (la faute au 13ème Guerrier à Basic ou à Rollerball, au choix), mais à Len Wiseman! Alors, je serais toujours reconnaissant à Wiseman d'avoir habillé Kate Beckinsale en cuir et de l'avoir fait tirer sur des monstres (même que ça s'appelait Underworld, 1, 2 et bientôt... 3!), mais sans cet ingrédient très spécifique, je ne suis pas sûr que ses films soient très intéressants. Résultat? Une bande-annonce jouant la surenchère de cascades invraissemblables et d'effets numériques tape-à-l'oeil. Soit pas du tout ce qui a fait le succès de la franchise (le 1, huis-clos dans un building, le 2, négligeable, et le 3 jeu de piste géant et génial avec un Jeremy Irons machiavélique). Pourquoi alors ne pas faire un film d'action avec Bruce Willis et ne PAS l'appeller Die Hard 4? La réponse est dans la question... verdict bientôt.

Et après ça, on s'étonne que je suis plus inquiet que jamais concernant Indiana Jones IV, dont le tournage vient de commencer?!! Voici la première photo officielle (prise par Spielberg lui-même sur le tournage). Tiens, c'est bizarre, on dirait qu'il est vieux Harrison Ford... C'est d'ailleurs ce que je retiens de la vidéo du premier jour de tournage. C'est dingue ce que Steven et George, les héros de mon enfance pour ainsi dire, ont l'air vieux... J'espère qu'ils s'amusent encore, alors peut-être que nous aussi...